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TERRES

                          PROMISES

CHRONIQUES DE VILLAGES PETROLIERS AMAZONIENS 

LE PROJET DOCUMENTAIRE

 

  • ORIGINE DU PROJET : LE PROGRAMME MONOIL

 

Le projet de documentaire est né suite à la réalisation d’un travail de recherche auprès des agriculteurs du village de Pacayacu en 2013, dans le cadre du programme scientifique MONOIL (Monitoring Environnemental Santé Société Pétrole en Équateur), piloté par le laboratoire Géosciences Environnement Toulouse (UPS/CNRS/IRD) et coordonné par l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD).

 

L'objectif principal de MONOIL est d’améliorer la compréhension, le suivi, la réduction et la prévention des contaminations pétrolières et de leurs impacts sur la société et sur l'environnement pour permettre la co-construction de stratégies de réduction de cette vulnérabilité ou d’adaptation écologiquement durables, économiquement viables, sociologiquement adaptées et politiquement pertinentes. Plus spécifiquement, MONOIL cherchera à évaluer, sur plusieurs sites d'étude en Amazonie et sur la côte pacifique et en comparant des sites pétroliers et des sites non exploités (sites de contrôle) :

 

1/ la contamination environnementale (air, eaux, sédiments, sols, chaînes trophiques aquatique et terrestre, produits cultivés)

 

2/ les impacts sur le développement socioéconomique des territoires pétroliers, en la replaçant dans le cadre plus large de l’impact de l’activité pétrolière sur le développement des territoires concernés,

 

3/ les vulnérabilités et dispositions sociétales pour y faire face à différentes échelles d’action (nationale, régionale, «paroissiale», familiale) 

 

4/ Il cherchera aussi à développer des solutions techniques et organisationnelles concrètes pour y répondre.

 

L’approche écosystémique et la méthodologie interdisciplinaire associant des chercheurs en sociologie, géographie, économie, épidémiologie, hydrologie, géochimie, toxicologie, biologie, et des acteurs opérationnels équatoriens, permettront d’atteindre les objectifs scientifiques du projet et d’en assurer le transfert opérationnel. Grâce à ce transfert, le projet participera plus largement à la mise en œuvre d’une action publique davantage intégratrice des enjeux de qualité de l’environnement, de santé publique et de développement durable.

 

 

 

  • RESUME DU FILM

 

En Équateur, 4e producteur d’hydrocarbures en Amérique Latine, de nouveaux puits de pétrole s’ouvrent régulièrement, jusque dans des réserves naturelles protégées, et les dégâts occasionnés sur l’environnement depuis plus de 40 ans sont continuels et irréversibles.

 

Dans un monde où les contaminations de l’environnement sont devenues monnaie courante, chacun se pose pourtant la même question: comment peut-on vivre sur un territoire pour toujours contaminé ? Et surtout, pourquoi y reste-t-on ?

 

À quelques kilomètres de la frontière colombienne, des agriculteurs venus des Andes équatoriennes ou de la côte pacifique ont immigré quarante ans plus tôt, parce que l’État leur avait promis une terre bien à eux : à la fois un lieu de vie et un lieu pour exercer leur métier d’agriculteur. Ils ont alors bâti des villages, avec l’espoir d’y construire une vie meilleure. Aujourd’hui, désabusés par les promesses non tenues, ils poursuivent leurs activités agricoles en tentant de trouver un équilibre dans un territoire qui vit au rythme de l’industrie pétrolière et de ses impacts environnementaux et sociaux.

 

Ce film propose une immersion dans deux de ces villages, Pacayacu et Dayuma, à la rencontre de familles d’agriculteurs installées depuis deux générations. Il donne la parole aux habitants, aux travailleurs de passage, qui, au fil des années, chacun à leur manière, ont dû mettre en oeuvre des stratégies pour concilier leurs ambitions avec la réalité du territoire. Aujourd’hui, ils tentent d’imaginer leur avenir et celui de leurs enfants.

 

 

  • NOTE D'INTENTION

 

Quito, Septembre 2013.  Le gouvernement vient d’autoriser l’exploitation du pétrole dans la réserve naturelle du Yasuni. A travers l’initiative « ITT Yasuni », l'Equateur s'engageait à ne pas exploiter le pétrole reposant dans ce parc national de l'Amazonie, en échange d’une compensation de 3,6 milliards de dollars de la part de la communauté internationale. Le monde entier semblait avoir son mot à dire sur une thématique devenue hautement politique: pour préserver les générations futures, la biodiversité, les cultures indigènes, ne répétons pas les erreurs du passé. Ce passé, c’est notamment Texaco : 26 années d’exploitation à outrance qui laissent derrières elles des millions d’hectares de forêts contaminées à jamais, avec des impacts sur la santé et sur la cohésion des populations. Dans ce contexte, la mise en exploitation du parc Yasuni représente la victoire de l’économie sur l’écologie, de la politique extractiviste sur la Pachamama, de l'or noir sur l'or vert.

 

Alors que l’attention est focalisée sur cet enjeu majeur, l’Amazonie continue d’être perforée quotidiennement. Les puits, mais aussi les fuites de pétrole et la contamination de l’eau, de l’air et des sols sont désormais familiers pour les populations de             « l’Oriente ». Une immersion de plusieurs mois dans le village de Pacayacu en 2013 nous a permis de rencontrer les habitants d’un village qui côtoient au quotidien cette industrie montrée du doigt, mais dont la présence n’a jamais été remise en question. Leur situation soulève de nombreuses interrogations: pourquoi restent-ils dans une zone de contamination massive ?

Quelles opportunités leur sont offertes ? Quel avenir pour ce territoire a priori condamné ?

 

Pacayacu, Dayuma, sont l’incarnation du théâtre de la vie moderne, de la conquête précipitée de l’homme sur la nature. Ses paysages en portent la marque, à la fois ferme et inébranlable. Mais les apparences sont trompeuses, et le fer et le ciment ne seront pas assez solides pour arrêter le cours du temps : au rythme de l’exploitation actuelle, les ressources de pétrole en Amazonie devraient être épuisées dans 25 ans. C’est la principale ressource financière de ces villages qui sera anéantie, et tout un système économique qui devra se renouveler. Les usines aujourd’hui en pleine activité risquent de devenir des vestiges de l’ère pétrolière, à l’image de ces quelques puits abandonnés que l’on peut déjà rencontrer sur ces territoires.

 

Toutefois, les villages que l’on a découvert ne se résument pas aux descriptions misérabilistes souvent véhiculées par les médias : nous avons rencontré des agriculteurs entreprenants, désireux de se projeter dans l’avenir, des jeunes attachés à leur territoire. Surtout, des habitants qui n’ont pas envie de quitter le village qu’ils ont construit, mais qui veulent oeuvrer pour qu'il devienne enfin celui dont ils avaient rêvé. Nous avons perçu leur désir de partager leurs histoires, qu’ils relatent avec fierté et humilité : la traversée du pays, la conquête d’un espace vierge, la construction d’un village, de leur territoire. Ils expriment un désir de porter leur voix au-delà des frontières, de faire connaître au plus grand nombre l’histoire des “colons” de l’Amazonie. Si leur situation actuelle peut sembler tragique d’un point de vue extérieur elle est à leurs yeux une réussite personnelle, synonyme de liberté et d’émancipation.

 

Beaucoup de films tournés jusqu’à présent sur le sujet, dans une optique militante, cherchent à alerter le spectateur sur les dangers liés à la contamination par les hydrocarbures. Nous avons souhaité dépasser une vision partisane pour mettre en image la vie au jour le jour des habitants de ces villages pétroliers, qui ne se résume pas à une lutte contre l’extractivisme. Terres Promises se veut un voyage dans les souvenirs et le quotidien de huit familles d’agriculteurs de Pacayacu et de Dayuma, qui retrace leurs trajectoires respectives, et évoque leurs espoirs et leurs rêves, une immersion dans un décor hybride: celui de l’Amazonie pétrolière, de la forêt vierge pénétrée par des tuyaux qui s’étendent à perte de vue.

 

 

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